Je suis étrangère à ce pays.
Ce que ça veut dire,
c'est que personne ne me comprendrait si j'appelais à l'aide,
c'est que je ne fais forcément pas les choses pas comme tout le monde,
c'est que je suis seule et peut-être perdue,
c'est que ce que je porte est différent,
c'est que ce que je dis est original,
c'est que ma compagnie est un faire-valoir,
c'est que je dois m'adapter,
c'est que c'est toujours à moi d'aller vers les autres,
c'est que je fais du tourisme sur mon lieu de résidence,
c'est que je rentre chez moi le soir, dans cet appartement d'expatriée,
c'est que je n'ai personne pour partager mon quotidien.
Etre étranger, c'est inspirer méfiance, intérêt puis plus rien. L'oubli. Après tout je n'ai qu'à rentrer chez moi.
Où???
Vendredi 7 avril 2006
3 commentaires:
La semaine se termine enfin! Les rendez-vous se sont succédés aux réunions... et ce soir, comme tous les soirs, j'étais de sortie.
Le cocktail qui a suivi la Conférence pour la journée internationale des Roms (2% de la population en Macédoine) a été un véritable calvaire pour moi, du fait de mon état de fatigue!
Je me suis laissée submerger par la foule des inconnus, je n'ai pas su aligner trois mots en anglais... et pourtant j'ai bel et bien filé à l'anglaise!
Etre étrangère,
ça veut dire tout ce que tu as énuméré, mais ça veut dire aussi
- que tu as encore de la curiosité pour ce qui t'entoure,
- que tu peux organiser un WE au dernier moment et même ne rien organiser en attendant que l'on t'invite,
- que tu peux poser des questions que plus personne ne pose et enfin jeter un regard critique sur ce qui se passe depuis des années,
- que tu peux discuter ou ne pas discuter, filer à l'anglaise ou t'éterniser, rappeler ou laisser filer, nouer des liens solides ou seulement t'occuper,
- que tu as le choix de ne pas entendre contre ton gré la conversation téléphonique des gens dans le métro,
- que lorsque tu vas voir tes amis et ta famille chez toi, ils savent apprécier ta présence (et réciproquement),
- que tu peux réfléchir à des sujets essentiels sans être prise dans le tourbillon des préoccupations et sollicitations quotidiennes,
- que malgré tout, tu es un peu plus forte que les autres...
Et être chez soi, ça veut dire pouvoir faire semblant d'avoir oublié à quel point la situation d'étrangère était ambivalente et se croire autorisée à faire des commentaires naïfs...
(Un jour, Vince connaîtra les affres de l'expatriation et on aura enfin une chanson là-dessus ;-))
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